Meta abandonne le fact-checking : Vers une nouvelle ère de la modération sur les réseaux sociaux ?

Le 7 janvier 2025, Mark Zuckerberg a annoncé une décision majeure qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire de la gestion de l’information sur les réseaux sociaux : Meta abandonne son programme de fact-checking, qu’il avait mis en place après les accusations de désinformation, notamment durant l’élection présidentielle américaine de 2016. À sa place, la société lance un système de « Community Notes », inspiré de celui d’X (anciennement Twitter). Ce changement suscite de nombreuses interrogations sur l’avenir de la modération en ligne, la lutte contre la désinformation et la responsabilité des utilisateurs. Cet article plonge en profondeur dans cette décision et ses conséquences.

Pourquoi Meta abandonne le fact-checking ?

Depuis 2016, Facebook (aujourd’hui Meta) avait collaboré avec des fact-checkers indépendants pour vérifier la véracité des informations circulant sur sa plateforme. Cette décision faisait suite aux accusations de la propagation de fausses informations, en particulier celles liées à l’ingérence étrangère lors des élections américaines. Mais après plusieurs années de coopération avec ces fact-checkers, Meta change de cap.

Lors d’une intervention vidéo, Mark Zuckerberg a expliqué que l’expérience avec les fact-checkers avait révélé plusieurs failles. Selon lui, ces partenaires étaient devenus trop politisés, ce qui a conduit à une dégradation de la confiance des utilisateurs envers le processus de modération. Il a souligné que cette décision visait à remettre en priorité la liberté d’expression, tout en évitant de devenir « les arbitres de la vérité ». Meta a donc choisi de revenir à un modèle où ce sont les utilisateurs qui, collectivement, détermineront quand un contenu est trompeur ou nécessite un contexte supplémentaire.

Le modèle des « Community Notes » : Qu’est-ce que cela implique ?

Le concept des « Community Notes » a été développé par X (anciennement Twitter) en 2021, un système qui permet aux utilisateurs de signaler collectivement les contenus trompeurs. En fonction du consensus des utilisateurs, une note est ajoutée pour clarifier les informations présentées. Contrairement au fact-checking traditionnel, les Community Notes s’appuient sur la collaboration entre utilisateurs ayant des points de vue différents, afin d’éviter un biais potentiel.

Meta a décidé d’intégrer ce modèle à ses plateformes, en introduisant des Community Notes sur Facebook et Instagram. Mais cette approche présente plusieurs défis :

  • Difficulté de consensus : Il est peu probable que des utilisateurs arrivent à un accord sur des sujets politiquement polarisants (comme les élections ou les débats sur l’immigration). Cela pourrait limiter l’efficacité du système pour les contenus les plus controversés.
  • Échelle : X, avec sa base d’utilisateurs moins large, a du mal à appliquer ce système à grande échelle. Avec Meta, qui compte plus de 3 milliards d’utilisateurs, la gestion de ces « notes communautaires » pourrait rapidement devenir complexe.
  • Impartialité : Bien que l’idée soit de minimiser les biais, un consensus entre utilisateurs de profils politiques ou culturels très différents reste difficile à obtenir, en particulier sur des sujets hautement polémiques.

L’impact sur les utilisateurs : Quelles nouvelles responsabilités ?

Avec le retrait du fact-checking officiel, Meta confie aux utilisateurs une responsabilité accrue. Ceux-ci devront maintenant jouer un rôle clé dans la régulation des informations qu’ils partagent et consomment. Cela soulève plusieurs questions cruciales :

  1. Les utilisateurs sont-ils prêts à endosser ce rôle ? La majorité des utilisateurs des réseaux sociaux ne sont pas formés pour discerner les informations fiables des fausses informations. Le risque est qu’ils se laissent influencer par des contenus polarisants ou qu’ils négligent de vérifier les informations avant de les partager.
  2. Risque de désinformation ? Si un consensus entre utilisateurs est difficile à établir, certains contenus trompeurs pourraient ne jamais être correctement étiquetés ou clarifiés, laissant place à la désinformation.
  3. Un rôle clé pour les experts : Les professionnels du marketing, des médias, et de la communication devront redoubler de vigilance pour éviter de se retrouver associés à des contenus trompeurs. Le besoin d’expertise pour analyser et contextualiser les informations devient plus crucial que jamais.

L’impact pour les marques et les entreprises

Les marques, qui ont toujours été sensibles à la manière dont leurs messages sont perçus sur les réseaux sociaux, se retrouvent face à un nouvel enjeu. En effet, la fin du fact-checking pourrait avoir plusieurs répercussions :

  1. Réputation en jeu : En cas d’association avec des informations trompeuses ou controversées, une marque pourrait voir son image ternie. Il devient primordial pour les entreprises de surveiller l’environnement médiatique autour de leur présence en ligne et d’être prêtes à réagir rapidement si leurs messages sont détournés.
  2. Nouveaux leviers de communication : Les Community Notes représentent une nouvelle manière pour les marques de s’impliquer dans le dialogue avec leurs communautés. Plutôt que de laisser un contenu trompeur se propager sans réponse, les marques pourraient prendre l’initiative de clarifier certaines informations, d’ajouter du contexte ou d’informer leur audience de manière proactive.
  3. Les experts en marketing digital doivent s’adapter : Les consultants et experts en marketing devront non seulement suivre l’évolution des politiques de contenu, mais aussi développer des stratégies pour éviter les faux pas liés à cette nouvelle forme de modération participative.

Le rôle des journalistes et des chercheurs

Cette évolution de la modération des contenus sur les réseaux sociaux aura également un impact direct sur le travail des journalistes et des chercheurs :

  1. Des opportunités pour l’analyse critique : Les journalistes auront un rôle de plus en plus important à jouer dans la détection de la désinformation. Ils pourront utiliser les Community Notes pour appuyer leurs analyses ou pour poser des questions sur les contenus douteux, tout en offrant une expertise sur la véracité des informations.
  2. Des sources d’information en constante évolution : Les chercheurs qui travaillent sur l’étude des médias sociaux devront adapter leurs méthodologies pour inclure l’impact de ces nouvelles dynamiques de modération. Cela pourrait remettre en cause certaines approches traditionnelles de la recherche en ligne.

Conclusion : Une nouvelle ère pour les réseaux sociaux ?

Le passage de Meta du fact-checking aux Community Notes marque un tournant majeur dans la manière dont les plateformes régulent les informations. Ce changement soulève des questions sur la responsabilité des utilisateurs, le rôle des marques et des journalistes, et sur les risques accrus de désinformation.

Le modèle de modération participatif pourrait potentiellement offrir une plus grande liberté d’expression, mais il laisse aussi la porte ouverte à des abus et à une propagation plus rapide de contenus trompeurs.

Pour les professionnels du marketing digital, les journalistes, et les utilisateurs des réseaux sociaux, il est maintenant plus que jamais essentiel de s’adapter et de rester vigilants. Cette évolution pourrait bien redéfinir la manière dont nous interagissons avec les informations sur les plateformes numériques.

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