
Interdire les réseaux sociaux aux ados ? Et si on inversait le problème ?
En mars 2025, Jacqueline Galant, députée fédérale belge, a proposé d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux adolescents. Si l’intention de départ — protéger la santé mentale des jeunes — est louable, elle soulève de nombreuses questions de fond.
Et si, au lieu d’interdire, on formait ?
Et si, au lieu de diaboliser les écrans, on enseignait à les décoder ?
Et si le vrai problème n’était pas l’accès, mais l’absence d’accompagnement ?
En tant que consultant en marketing digital, j’observe depuis plus d’une décennie l’évolution des usages et des plateformes. Et je peux vous le dire : le vrai enjeu n’est pas de bloquer l’accès, mais de construire une culture numérique chez les jeunes.
Pourquoi cette proposition d’interdiction ?
L’idée d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs découle d’un constat alarmant sur la santé mentale des jeunes :
- 47 % des jeunes entre 12 et 17 ans déclarent avoir un trouble du sommeil lié à leur usage numérique (Santé publique France, 2023).
- 59 % des ados américains estiment que les réseaux sociaux ont un impact négatif sur leur image de soi (Common Sense Media, 2022).
- Le temps moyen passé sur TikTok ou Instagram dépasse souvent les 3 heures par jour chez les 13-18 ans.
Face à ces chiffres, l’interdiction semble logique. Mais est-elle vraiment efficace ?
Interdire : une stratégie qui ne tient pas la route
L’effet boomerang de l’interdit
Dire à un adolescent “tu n’as pas le droit”, c’est souvent le meilleur moyen de le pousser à transgresser. L’adolescence est un âge de curiosité et d’opposition.
Exemple : Emma, 14 ans, dont les parents ont bloqué TikTok, a utilisé un VPN, créé un faux compte et utilise désormais un vieux téléphone récupéré auprès d’une amie.
Les jeunes trouvent toujours des solutions
Les ados sont nés dans un monde numérique. Ils sont souvent plus agiles que les adultes pour contourner les interdictions :
- Utilisation de VPN ou proxy
- Comptes secondaires avec des pseudos
- Utilisation de réseaux alternatifs comme Discord
Interdire sans éduquer, c’est laisser les algorithmes les éduquer à notre place.
Et si on prenait le problème à l’envers ?
Construire une culture numérique dès le plus jeune âge
Ni l’école, ni la majorité des familles ne transmettent aujourd’hui une éducation numérique complète. Et pourtant, les réseaux structurent leur vie quotidienne.
Il faudrait leur apprendre à :
- Comprendre comment fonctionnent les algorithmes
- Analyser la mise en scène de soi et les filtres
- Repérer les mécanismes de manipulation et de l’économie de l’attention
- Gérer leur identité numérique et leur e-réputation
Les bénéfices d’un accompagnement numérique réfléchi
Développer l’esprit critique
Former les jeunes, c’est leur donner des outils pour :
- Détecter les fake news
- Comprendre le poids des likes et des algorithmes
- Déconstruire les normes de beauté irréalistes
Encourager l’expression de soi (avec conscience)
Les réseaux sociaux peuvent aussi être une chance.
Exemple : Nathan, 15 ans, timide, s’est mis à créer des “storytimes” humoristiques sur TikTok. Il a gagné une petite communauté bienveillante et a retrouvé confiance en lui.
Ce que les adultes doivent changer
Ne plus diaboliser, mais dialoguer
Commencez par poser des questions sincères :
- Quels comptes suis-tu et pourquoi ?
- Qu’est-ce qui te plaît sur TikTok ?
- Comment te sens-tu après avoir scrollé ?
La clé, c’est de parler sans juger.
Former les parents, enseignants, éducateurs
Il faut créer un véritable écosystème éducatif :
- Former à la gestion du temps d’écran
- Sensibiliser aux risques de harcèlement en ligne
- Créer un cadre bienveillant, avec des limites discutées
En tant que consultant, voici ce que je recommande
- Former les enseignants et éducateurs à la culture numérique
- Intégrer un module “réseaux sociaux en conscience” dans les écoles
- Créer des supports pédagogiques co-conçus avec les jeunes
- Lancer des ateliers de storytelling digital pour les 13-17 ans
Les ados ne vivront pas malgré les réseaux, mais avec eux. Donnons-leur les bons outils.
Conclusion : Et maintenant, on fait quoi ?
Interdire les réseaux sociaux aux adolescents, c’est un leurre. Ce n’est pas en leur ôtant l’accès qu’on les protège, mais en les formant à mieux les utiliser.
Ce n’est pas une guerre contre les écrans. C’est une bataille pour l’éducation, l’accompagnement et la transmission.
Et vous, que mettez-vous en place pour accompagner les jeunes dans leur usage numérique ?
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